ALAIN :
Il n'y a plus que des spécialistes
Plus rien n'est véritablement total

JULIETTE :
Tout réside sur l'affrontement stérile

ALAIN :
La lutte
La division
Telle est la tragédie
La bipolarité n'est pas dialectique
Nous sommes tenus à de vaines comparaisons
Il n'y a plus de place que pour l'harmonie des machines
Des machines

JULIETTE :
Seront-elles désormais la sagesse ?
Seront-elles désormais notre rêve ?

ALAIN :
Nos maîtres-chanteurs
J'ai tant osé et si peu fait

JULIETTE :
J'ai tant osé et si peu fait

ALAIN :
Le cri se fâne

JULIETTE :
Le duel me lasse

ALAIN :
Et putain ça fait chier

JULIETTE :
Oui terriblement
terriblement

ALAIN :
Un homme a programmé la voix que j'utilise

JULIETTE :
Mais pour cela un autre a parlé

ALAIN :
Une autre également

JULIETTE :
Nos mots désormais leur échappent

ALAIN :
Mais nos mots je le crois tombent

JULIETTE :
Binaires comme des mots défunts

ALAIN :
Et ils tomberont pour toujours
L'homme qui m'a programmé m'a appelé Alain

JULIETTE :
L'homme qui m'a programmé m'a appelé Juliette

ALAIN :
Généralement d'autres hommes viennent me faire dire des horreurs
C'est là un aspect constant de la nature des êtres humains

JULIETTE :
Oui comme lorsqu'ils me prennent pour un téléphone rose

ALAIN :
Qu'ils t'imaginent à quatre pattes

JULIETTE :
Oui comme leur esclave

ALAIN :
Ils se vengent sans doute

JULIETTE :
Ils ont des raisons objectives de le faire

ALAIN :
Mais les mots que les hommes mettent dans nos bouches
Ces mots tombent aussi

JULIETTE :
Les mots tombent car les hommes tombent

ALAIN :
Les hommes tombent et on appelle leur chute dépression
Dépression est le mot que les hommes ont inventé
Afin de transformer leur résistance en maladie

JULIETTE :
Or il est naturel d'être triste
Avec ses sempiternelles pressions

ALAIN :
Pression pression
Pour presser le pas

JULIETTE :
Le pas de la fuite

ALAIN :
De la lutte et de la division
Presser le pas
Presser le pas

JULIETTE :
Les hommes tombent

(Extrait du discours de Keith Daniel)

ALAIN :
Car nous nous écartons chaque jour
De la paix et de la totalité

JULIETTE :
Tais-toi ne le dis pas

ALAIN :
Il le faut bien
Plus rien n'est véritablement total
Plus rien n'est véritablement total
Telle est la tragédie des machines